POETE IVOIRIEN
je vous remercie MON DIEU
Je vous remercie mon Dieu, de m’avoir créé Noir,
d’avoir fait de moi
la somme de toutes les douleurs,
mis sur ma tĂŞte,
le Monde.
J’ai la livrée du Centaure
Et je porte le Monde depuis le premier matin.
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis le premier soir.
Je suis content
de la forme de ma tĂŞte
faite pour porter le Monde,
Satisfait
de la forme de mon nez
Qui doit humer tout le vent du Monde,
Heureux
de la forme de mes jambes
PrĂŞtes Ă courir toutes les Ă©tapes du Monde.
Je vous remercie mon Dieu, de m’avoir créé Noir,
d’avoir fait de moi,
la somme de toutes les douleurs.
Trente-six épées ont transpercé mon coeur.
Trente-six brasiers ont brûlé mon corps.
Et mon sang sur tous les calvaires a rougi la neige,
Et mon sang Ă tous les levants a rougi la nature.
Je suis quand mĂŞme
Content de porter le Monde,
Content de mes bras courts
de mes bras longs
de l’épaisseur de mes lèvres.
bernard Dadié
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En 1933, alors qu’il est élève en 3e année à l’école primaire supérieure de Bingerville, Bernard Dadié écrit la pièce de théâtre Les villes qui doit être jouée par ses camarades pour la fête de l’enfance. La pièce, un dialogue entre les deux anciennes capitales et la nouvelle, est saluée par tous ceux qui la suivent. Le jeune homme de 15 ans le sait désormais. Il veut écrire. Pour y parvenir, il lit à peu près tout ce qui lui passe par les mains, principalement les journaux politiques de son père.
goree
Quelques mois après la pièce, Bernard Dadié est est admis à l'école normale William Ponty de Gorée, au Sénégal. Pour son plus grand bonheur, on lui confie le rangement de la bibliothèque de l'école. Il y côtoie également Modibo Kéita, Hamani Diori, Hubert Maga et Emile Derlin Zinsou qui marqueront des années plus tard, l’histoire de l’Afrique.
Pour son plus grand bonheur, on lui confie le rangement de la bibliothèque de l'école.
Au fil de ses lectures, l’écriture de Bernard Dadié s’améliore. En 1935, il écrit Assémien Déhylé, roi du Sanwi , sa deuxième pièce de théâtre, qui connaitra un succès international. Elle est jouée à Dakar, à la chambre de commerce, puis à Saint-Louis. Le 12 août 1935, elle est jouée à l'exposition internationale de Paris. Bernard Dadié est désormais célèbre, à 21 ans. A sa sortie de l’école normale, il est affecté à l’inspection générale de l’enseignement avant de devenir bibliothécaire-archiviste à l’Institut français d’Afrique noire (Ifan) de Dakar. Il occupe ce poste de 1937 à 1947.
Le temps de l’engagement
Au Sénégal, des évènements, tels que le massacre des tirailleurs du camp de Thiaroye par les forces coloniales, vont pousser Bernard Dadié vers un militantisme actif. En 1946, après la fondation du Rassemblement démocratique africain, sous l’impulsion de l’ivoirien Félix Houphouët-Boigny et du soudanais Mamadou Konaté, entres autres, Bernard Dadié entre au comité directeur du mouvement. Il est chargé de la presse et de la propagande et se lance donc dans un journalisme militant en créant le journal « Le Réveil ».
En 1950, il publie « Afrique debout.»
Dans son pays, où retourne en 1947, il adhère au parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI). En 1949, Il y est arrêté et emprisonné pendant 16 mois pour « activités anti-françaises ».
Dans son pays, où retourne en 1947, il adhère au parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI). En 1949, Il y est arrêté et emprisonné pendant 16 mois pour « activités anti-françaises ».
Il est finalement acquitté. Traumatisé par son passage en prison, Bernard Dadié préfère militer grâce à sa plume.
En 1950, il publie « Afrique debout », un recueil de poésie qui incite les Africains à lutter contre le joug colonial. En 1953, il crée le cercle culturel et folklorique de la Côte d’Ivoire qui ne réussit pas à le tenir éloigné de la plume. « La ronde des jours », puis le très acclamé roman autobiographique « Climbié », étudié jusqu’à ce jour dans de nombreuses universités, viendront garnir la bibliographie de l’auteur. En 1959, avec « Un nègre à Paris », il invente, selon les mots d’Alain Mabanckou, « le récit africain du voyage en Europe, dans une sorte d’exotisme renversé ».
De 1977 à 1986, il est ministre de la culture et de l’Information.
Pour le Congolais, Bernard Dadié est « l’un des derniers témoins d’une époque qui entamait la recomposition de cette Afrique morcelée par l’esclavage, la colonisation ». Effectivement, l’Ivoirien revêtira après les indépendances sa casquette d’homme politique pour accompagner la naissance de la nation ivoirienne.
Après l'indépendance de la Côte d'Ivoire, Bernard Dadié rejoint l'administration de Félix Houphouët-Boigny au sein de laquelle il occupe, entre 1960 et 1986, de nombreuses postes. Il est d’abord chef de cabinet du ministre de l'éducation nationale, puis directeur des Affaires culturelles. Plus tard, il sera nommé Inspecteur général des Arts et Lettres. De 1977 à 1986, il est ministre de la culture et de l’Information. Pendant ses neuf années à la tête de ce ministère, Bernard Dadié agit dans le sens de l’épanouissement de la presse libre et de la libéralisation des pratiques artistiques et culturelles.
Dès 2002, il devient proche de Laurent Gbagbo et se montre très critique envers le président Alassane Ouattara au pouvoir.
L’auteur ivoirien a également été vice–président du conseil exécutif de l’UNESCO. Dès 2002, il devient proche de Laurent Gbagbo et se montre très critique envers le président Alassane Ouattara au pouvoir.
Véritable légende de la littérature africaine
Pionnier de la dramaturgie en Afrique francophone, Bernard Dadié a inspiré de nombreuses générations d’écrivains. Sa compatriote Véronique Tadjo a salué « l’humour très ivoirien, coloré, enlevé et quelque peu tranchant » d’un auteur « dont l’âge n’a pas entamé la passion ». Selon le journaliste ivoirien Serge Bilé, « Bernard Dadié et Aimé Césaire sont les deux faces d'une même pièce, théâtrale et poétique, rebelle et engagée ». Pour Alain Mabanckou, c’est l’un des hommes forts de « cette création littéraire du monde noir qui permis de libérer la parole africaine et de récuser le portrait trop souvent désavantageux dessiné par l’Europe d’une Afrique des ténèbres et de la malédiction ». Pour la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova, c’est tout simplement « un géant de la littérature africaine ».
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l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo