Il me faut la peine de toutes les mamans,
La souffrance que fait la perte des enfants,
Il me faut les larmes servies dans les deuils,
Avec la tristesse qui me fait l'accueil,
Pleurer les beaux jours de toute ma jeunesse
Qui s'en va ailleurs avec mes promesses.
Il me faut les plaies de tous les blessés
Qui sortent des batailles leurs drapeaux hissés,
La pensée meurtrie de tous les noyés
L'instant de quitter vers l'autre foyer.
La tendresse confisquée aux orphelins,
Les morsures de tous les venins,
Il faut la peur du milieu de la nuit,
Les ténèbres sombres de l'agonie,
Il faut rêver tous les cauchemars
Dans le sommeil qui se fait tard,
Toute la torture des déportés
Vers tous les camps de cruauté.
Il faut le chagrin des vielles pyramides
Qui gardent encore des momies humides,
Il faut construire tout le mur de Chine,
Marcher les pieds nus sur toutes les épines.
Il faut creuser tous les tunnels
Avec les griffes des forcenés,
Il faut se battre tous les duels
Et piétiner les champs minés,
Veiller des lustres en sentinelle,
Guettant l'espoir imaginé,
Prêt à partir dans l'autre ciel,
Aller là -bas te réclamer,
Te rencontrer, te chérir et t'aimer,
Ô rêve beau et lointain que je toucherai un jour, on ne sait jamais…
kader...