Merci poemic.
Un témoignage poignant que je cite en entier car il mérite d'être lu.
(Par Sabrina Ali Benali, médecin et militante).
"Depuis hier, ce qui nous rend tous très tristes, c'est qu'on montre en boucle la séquence où des gamins renversent une Smart et celle où on voit une dame qui, de rage, a relancé un caillou [vers les forces de l'ordre]. Il faudrait rappeler quelque chose. Si on était des centaines de milliers dehors, c'était parce qu'on avait trois revendications. Ça fait deux ans et demi que l'on supplie pour avoir quoi ? 300 euros d'augmentation de salaire pour les paramédicaux, d'arrêter de fermer des lits dans les hôpitaux et d'avoir des conditions de travail dignes pour bien soigner les gens", a déclaré, en colère, l'auteure du livre "La révolte d'une interne".
Et d'ajouter : "Si Emmanuel Macron avait répondu à nos revendications on ne serait pas dans la rue. Ca fait un an et demi que l'on est à quémander dans le 7e puissance du monde des brancards et des bouteilles d'oxygène (...) La vraie chance, c'est que dans cette société on soit tous assez pacifiques, assez calmes, assez respectueux. 17 ans que vous ne pouvez pas vous payer un resto parce que votre salaire c'est une misère alors que vous passez votre vie à vous occuper des gens. La chance, c'est qu'on n'en soit pas tous là ! C'est qu'il n'y ait pas plus de violences. Monsieur Macron et son gouvernement veulent quoi ? Créer le chaos ? C'est nous qui avons été attaqués hier. Ce n'est pas la faute de la police, mais ce sont les ordres qu'ils reçoivent. J'ai reçu des cloches de gaz lacrymo sur la figure. Ma copine est asthmatique, on a du courir pour qu'elle ne fasse pas de crise d'asthme. La manifestation du 15 octobre dernier, on était avec les pompiers. On s'est fait gazer, matraquer. Il n'y avait ni black blocs, ni rien. Quelles sont les techniques du maintien de l'ordre. Que cherche le gouvernement ? A faire le chaos ?".
"Oui, on en a marre ! De colère, je me suis mise à pleurer. Peut-être que j'aurais pu prendre une lacrymo qui m'est tombée dessus et la lancer. Est-ce que je dois m'attendre - moi, médecin, qui ait passé ma vie à prendre des cours pour aider et soigner les gens -, si un jour de rage je relance un caillou, à ce que quatre personnes me tombent dessus, m'écrasent le cou, m'attrapent par les cheveux pour m'interpeller et me trainer à terre ? C'est ça la France ? C'est comme ça qu'on obtient l'ordre ? Je suis extrêmement choquée. Cette dame à 50 ans, elle a passé sa vie à soigner des gens. Vous pensez qu'elle s'est levée le matin en se disant 'je vais aller taper des forces de l'ordre' ? On soigne les forces de l'ordre, on travaille avec eux, on bosse tout le temps ensemble", a continué Sabrina Ali Benali en estimant que les jugements sur sa collègue mise en garde à vue sont "immondes".
"Encore heureux qu'il n'y ait pas plus de violences. La violence n'est ni une solution pour nous, ni pour personne. On sort toujours perdant de la violence. Il faut à tout prix que le gouvernement très vite arrête de jouer avec le feu", a-t-elle conclu."
https://www.jeanmarcmorandini.com/article-428272-au-bord-des-larmes-un-medecin-temoigne-dans-morandini-live-apres-la-manifestation-d-hier-a-paris-ca-fait-1-an-et-demi-qu-on-reclame-des-brancards-et-de-l-oxygene-on-en-peut-plus-regardez.html