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Expéditeur Conversation
Louandrea
Envoyé le :  19/8/2014 14:42
Plume d'or
Inscrit le: 12/6/2009
De:
Un prix, un vote, un sourire! ♥
Ce serait SUPER GENTIL de "voter" pour mes nouvelles!!-via Facebook ou ailleurs, merci! Un beau prix et une publication si je gagne...


http://www.aufeminin.com/ecrire-aufeminin/il-s-appelle-farid-s877280.html

http://www.aufeminin.com/ecrire-aufeminin/l-ame-bleue-s875685.html

♥♥
Je mets le texte de la première nouvelle, mais l'autre est douce aussi...


Il s’appelle Farid


La meuf rentre dans l’ascenseur et les portes se referment. Son ventre pointe sous un chemisier blanc, elle transpire. Il fait une chaleur à crever dehors, mais là, dans la médiathèque, on respire un peu. Elle appuie sur le bouton. J’ai déjà chouré deux portefeuilles à des vieilles qui lisaient La Dépêche en bas, là je vais monter au dernier étage, au rayon musique et DVD, y a toujours des jeunes bourges qui laissent les East pack ouverts…
Je viens pas ici pour lire. D’ailleurs, je lis jamais rien, sauf les annonces à l’ANPE, et encore. Putain de ville rose à la con ! Mon daron est en taule à Seysses, alors mon frère veut pas qu’on parte de la Cité, pour être là à sa sortie. En attendant, c’est pas à Bellefont’N que je vais bosser, entre les fous de Dieu qui nous chopent devant la mosquée et les mafieux qui nous proposent du taff pourri.
La cabine vitrée fait un sale bruit, puis pile net entre deux étages. La meuf pousse un cri terrible et se tient le bide. Elle est toute blanche et me regarde bizarrement. Je m’approche des commandes et j’appuie sur le bouton d’appel, mais rien ne se passe. La femme prend un IPhone dans son sac et fait un numéro, mais le réseau est mort. Elle respire de plus en plus fort et tout d’un coup sa main serre mon épaule. Je baisse les yeux et je vois le liquide qui coule de son jean.
Putain, elle accouche. Là. Avec moi. Entre deux étages de la médiathèque de Toulouse. J’y crois même pas. Je tape comme un dingue sur les portes, j’appelle, j’appuie sur tous les boutons. Une voix nous dit que tout va s’arranger, qu’il faut attendre, c’est le système tout entier qui a beugué, et puis les pompiers arrivent. Faut rester calme.
La meuf se met à crier, elle panique grave. Elle dit que c’est son premier bébé, à 40 ans, elle veut pas mourir, elle veut pas le perdre, elle a mis 10 ans à l’avoir, et c’est trop tôt, elle est qu’au septième mois. Elle pleure, elle hurle, elle flippe à mort.
Je déteste le sang, je zappe chaque fois que ma sœur regarde Grey’s ou Docteur House, une fois quand un pote s’était pris une balle sur un scoot après une baston avec les keufs, derrière le lac de la Reynerie, j’avais failli tourner de l’œil. Même ma mère se fiche de moi à l’Aïd, parce que je veux pas regarder.
Et là je le vois, le sang. Le jean de la meuf est déjà rouge, et elle, elle est blanche, toute blanche. Je la soutiens, et je l’aide à se coucher dans la cabine qui est très large. Je quitte mon tee shirt et je le mets sous sa tête, et je lui dis qu’on va y arriver. Elle doit enlever son jean, et se mettre à l’aise, je l’ai vu, une fois, au bled, quand ma tante Aicha attendait la sage-femme, je sais que les meufs doivent se coucher. Elle est couchée, maintenant, et elle a écarté les cuisses, et elle halète comme un petit chien en criant. Elle cambre le dos et je vois une ombre noire entre ses cuisses, par-dessus le rouge du sang, et je lui souris.
Je lui raconte que je m’appelle Farid, que je vais l’aider. Que j’ai déjà vu des accouchements. Je mens super bien, tous mes profs s’y laissaient prendre, et ma darone aussi…Entre deux cris, elle me dit qu’elle s’appelle Anne, et qu’elle a tellement peur. Elle croit pas en Dieu, mais elle se met à dire un machin avec Notre-Père, du coup moi je lui dis qu’on va aussi demander un coup de main au Prophète, ça peut pas faire de mal.
Elle a chopé ma main et la serre tellement que je vais jamais plus pouvoir démonter de serrure. Je la fais parler. Dehors des gens nous rassurent, nous répètent que le SAMU arrive aussi, on entend des bruits de clef, des coups de massue, et puis la cabine bouge, la meuf crie encore plus fort, moi je leur gueule d’arrêter, qu’on a une meuf qui accouche, là, faut pas déconner.
Les contractions sont un peu calmées, j’essaye de la faire parler, elle est prof de français au GRETA, elle adore lire, c’est pour ça qu’elle est venue, elle voulait monter chercher des bouquins de poésie. Je la fais rigoler quand je lui dis que moi je viens pour piquer des trucs, elle a un beau sourire, alors je prends un kleenex et j’essuie doucement son front, et puis je lui dis que quand le petit sera né elle viendra à la Cité boire un thé à la menthe.
Elle crie de nouveau, et je vois l’ombre noire qui grandit entre le blanc de ses cuisses qui tremblent, alors je lui dis de pousser, pousser fort, je me penche, j’attrape une tête qui sort, toute gluante, elle hurle, comme le mouton de l’Aïd, et je lui ordonne de se calmer, que tout va bien, et là je tire un peu sur la chose et pouf, dans ma main y a un bébé.
Le silence. Même dehors on n’entend plus les bruits des secouristes.
Une voix me crie de retourner le bébé et de taper doucement sur son dos. Je tiens toujours le bébé et je le retourne doucement, et je tapote son dos, son dos avec un truc comme du blanc d’œuf qui colle, et la meuf murmure « Seigneur si tu existes laisse respirer mon bébé » et là le bébé sursaute et crie, il crie, et dehors on entend des applaudissements et je pose le petit sur le ventre de la meuf et elle le regarde et il la regarde et moi je pleure, comme un con.
Elle lève les yeux vers moi et prend ma main de nouveau et elle dit :
- Il s’appelle Farid. Merci, merci à toi d’avoir été là.
Elle pleure et elle rit et elle murmure et elle embrasse et elle caresse et moi je suis comme un enfant aussi je ris et je pleure et je vois même pas quand la cabine s’ouvre et que les pompiers prennent la meuf et le petit.
Elle m’appelle, elle me crie qu’on va se revoir très vite, et qu’elle va m’aider, vraiment.
C’est drôle, je la crois. Je sais pas encore que demain La Dépêche fera un gros titre sur le « miracle de l’ascenseur », je sais pas encore que je vais reposer les deux portefeuilles à l’accueil, je sais pas encore que dans deux mois je serai en cours au GRETA, et que j’enverrai bouler les Barbus qui veulent que je parte en Syrie et les mafieux qui veulent que je tire des caisses, je sais pas encore que je serai le parrain du petit Farid.
Mais je suis heureux.



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Mes sites web:

http://linktr.ee/sabine_aussenac

Lou, aux nuits rossignol...

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Sujet :  Expéditeur Date
 » Un prix, un vote, un sourire! ♥ Louandrea 19/8/2014 14:42
     Re: Un prix, un vote, un sourire! ♥ douceur3 20/8/2014 15:00

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