Aquarelle
"Descendre loin dans la forêt et pouvoir y rester, silencieuse..."
J’ouvre les yeux.
Ma tête se soulève, mes oreilles cherchent à capter le plus petit craquement de brindilles, le moindre bruissement dans les feuillages .
Je roule sur le flanc droit, lentement, gardant le contact de la mousse humide sur mon corps le plus longtemps possible.
Je repasse sur le dos et m’étire dans un mouvement de frottement très lent.
Un frisson me traverse l’échine.
L’odeur de bois et de mousse humide de rosée me font frémir d’aise.
Je me redresse, à pas feutrés je descends vers la rivière et entre dans son lit avec précaution. Agrippée à une branche perdue au fil de l’eau, je me laisse porter les yeux mi-clos, les sens en éveil.
Je finis par sortir de l’eau, prudemment, en rampant, et j’avise une pierre plus ou moins plate où je me laisse aller à la caresse des rayons du soleil naissant.
La tête au ras du sol, je renifle l’odeur de la terre et je m’emplis de tout ce que je peux capter d’elle.
Brusquement, je relève la tête, me redresse et, lentement, un à un, enfile mes vêtements .
Maintenant, je peux retourner dans le monde du dessus.