N'y-a- t-il quelque orgueil à se faire mousser
Lorsqu'on vient d'arriver et qu’on veut se hisser
Pour être au premier rang en tricotant la maille
Alors que l’on découvre en la nasse une faille ?
« Mais non ! » Dit le candide aimant tout de son port,
« Je suis le fils puiné de fortuné transport.
Mon Père est Président et je suis son élève
Toujours prêt, sans chiner, à fourbir sa relève.
Passez-moi de l’encens tant qu’il est encor temps
Car ainsi vous aurez mon soutien pour longtemps.
On vit sans aléas quand on a l’assurance
De vivre, sans souci, sans chercher endurance. »
Ainsi parlait Prospère avec son air hautain
Qui pour chacun de nous demeurait si lointain.
A l’inverse un modeste arborant gentillesse
Evitait de cour bette encenser par faiblesse.
Je l’entends déclamer au parvis d’un sain lieu
Qu’on ne doit dénigrer du voisin le milieu.
« On est comme l’on naît avec sa bonne étoile
Et l’on ne doit jamais persiffler sur la toile. »
C'est pourtant devenu grande mode aujourd'hui !
Combien de parvenus paradent ce jour d'hui ?
Qu'ils soient au parlement devant leur auditoire
Établissant les lois qui vont marquer l'histoire !
Qu'importe si les gens démunis chaque jour
Abdiquent sans pleurer ni donner du tambour !
Souffler dans la trompette augmente la misère
Lorsque sur le pavé se dit un pieux rosaire.
Pourrait-on dire alors la phrase "Youpla boum"
Quand chute autant de monde? Ou plutôt "badaboum" ?
Si vous demeurez quiets vous saurez la réponse
Car le verbe très cher, sans raison, ne dénonce !
Que chacun reste honnête et dans l'intégrité
En actant, chaque jour, sans animosité.
Priez pour nous prêcheurs qui portons pour parole
Qu'il ne faut à son train traîner de casserole !
Le berger indulgent sait héler la brebis
Qui le temps d’un écart crut trouver un rubis.
Vous nos représentants qui prisez tant la gloire
Pensez à nous servir sans vous croire à la foire !